10 outils pour améliorer la situation
Tout se passe en bouche : respirer, parler, manger
TOUT ? non, pas tout : En fait, cela commence par les yeux, le nez, les mains :
découvrir un nouvel objet demande à être en sécurité, d’abord il faut l’observer de loin, avec une distance de sécurité, et les yeux nous permettent de vérifier ce qui se passe :
1* commencer avec les yeux:
l’apparence des aliments : Jouer avec les couleurs, les tailles et les formes des aliments , par exemple les pâtes de taille et forme et couleur différentes
Ensuite cela passe par le nez : sentir les odeurs, voir si elles sont violentes, suaves, appétissantes, si elles sont complexes ou franches, si elles sont associées à des expériences déjà connues ou complètement déroutantes…
2* jouer avec les odeurs,
découvrir les odeurs lors des ballades, des passages en cuisine, du vide ordure : pour un enfant qui mange difficilement, se rendre compte difficilement, se rendre compte que la poubelle pue et que le dîner est plus tentant, finalement c’est un point de gagné !
Enfin cela passe par les mains : la question se pose : est-ce que je peux toucher l’objet ? qu’est-ce que cela va faire ? la fleur d’ortie est belle, toucher ses feuilles rend l’expérience désagréable ; découvrir le velours d’une pêche qui a les mêmes poils peut être agréable pour certains et très désagréable pour d’autres, et enfin
3* découvrir avec son enfant ce qu’il aime toucher
et ce qu’il n’accepte pas de manipuler est fondamental : pour l’aider dans cette période, vous pouvez essayer les jeux suivants :
- Les manipulations du sec: des pois chiches secs dans un sac, et aller en chercher à tâtons:
- les verser et les passer d’un bac à l’autre,
- ensuite en faire des collages,
- ou les transporter dans un camion benne,
- Puis les mêmes activités se déclinent avec les lentilles par exemple, Puis avec la semoule : passer d’un gros grain à un grain fin permet de varier les sensations et c’est intéressant : les yeux, le nez les mains découvrent ensemble et l’enfant se familiarise avec les différentes aliments.
- Tout ce qui est à toucher est intéressant : deviner ce qu’il y a dans le sac (une éponge ou une fleur de bain ? un lego ou une petite voiture ?)
- Une devinette tactile maison : si vous avez tout en double, mettez une éponge de cuisine dans un sac, et plusieurs objets dans une cuvette ; l’enfant tâte avec ses mains à l’intérieur ce qu’il y a dans le sac – sans regarder – et montre le double de l’objet dans la cuvette :
4* passer du sec au mouillé :
il arrive souvent que les enfants qui mangent « difficilement » soient sensibles au toucher du mouillé. Vous avez déjà l’expérience d’avoir eu un coup de soleil, alors pendant quelques jours notre peau « craint » le chaud et se montre particulièrement sensible aux frottements, aux changements de température, etc. ensuite cela passe ; et bien les enfants qui ont du mal à manger ont des sensibilités modifiées, parfois dans les mains, parfois aussi dans la bouche, et il est important de respecter leur seuil et en même temps de les faire évoluer. Le jeu est alors de proposer différentes façons d’introduire le mouillé : par l’ajout d’un peu d’humidité, par exemple aller chercher les pois chiches secs qui sont posés sur un gant de toilette à peine humide (très essoré) pour gagner des points : cela permet d’aller du bout des doigts ; ensuite il faudra soulever le gant de toilette pour prendre les pois chiches cachés dessous, puis aller les chercher DANS le gant humide, puis on recommence avec un gant moins essoré, puis tout à fait mouillé, etc.
Les étapes permettent de faire des paliers et l’enfant se sent en sécurité, et il a plaisir à découvrir en confiance.
Parfois certains étapes se passent dans la journée ! parfois il faudra plusieurs semaines d’entrainement avec un gant très essoré avant de pour voir mettre la main sous le gant…
5* explorer le tactile avec tout le corps :
les mains sont la porte de la bouche, et tout le corps participe à l’alimentation : se « tenir » à table, humer un plat, respirer des effluves à plein poumon… il est possible d’explorer les aliments avec bien d’autres parties du corps : chatouiller les bras avec le persil, faire des castagnettes avec les coquilles de saint Jacques, décorer ses oreilles de cerises, se faire un bracelet de peau d’orange, …
6* jouer à la dînette :
quelle aubaine ! Il s’agit de faire semblant avec les gestes, avec les couleurs de petits légumes en plastique, et bientôt de jouer à la dînette avec de vrais aliments en très petite quantité : l’enfant s’habitue aux couleurs aux odeurs et aux textures sans jamais les manger pour de vrai : tout le monde sait que c’est pour jouer. Ne pas gaspiller bien sûr reste important, c’est pourquoi tous rassemblés dans une bassine (en agglutinent dans les aliments avec les mains !) Et porter ses aliments aux poules du voisin, ou en faire un compost pour la jardinière, tout cela permet de comprendre la transformation des aliments, la roue de la vie, et de replacer l’aliment dans le grand circuit de la vie.
7* cuisiner ensemble
est une prolongation qui sera tout à fait naturelle, l’idée est de manipuler les matières, les transformer, les combiner et de modifier les textures par la cuisson : vérifier se lâche changements d’égouts, de la couleur, de l’odeur en fonction des différentes cuissons : un oignon caramélisé est sucré alors qu’il est croquant et piquant quand il est cru.
8* jouer aux odeurs
est un une activité peu courante : il s’agit de se promener ensemble, si possible dans un jardin, et de repérer les endroits qui sentent la fleur, la feuille, la mousse, la terre, la carotte,… tout est prétexte à affiner, à combiner les sensations. L’odeur de la mousse se retrouvera dans une zone plutôt humide, ce qui permet alors de découvrir le terrain avec ses yeux et ses mains : l’enfant associe ainsi l’odeur à une expérience tactile, et prépare son corps à d’autres découvertes. Il est facile de trouver des odeurs naturelles courantes dans la campagne environnante :
nb: l’Hélichryse sent le curry, les œillets et la rose sont reconnaissables entre tous, les narcisses sont entêtants dans les champs en mars avril, en mai : l’acacia fait des grappes extrêmement odorantes, les fraises des bois sont identifiables au mois de juin, la mousse est présente toute l’année, les noix vertes sentent fort en juillet, les vignes sont chargées de raisin sucré et « sentent le miel » en septembre, et rappelez-vous l’odeur si caractéristique de terre mouillée …
9* jouer avec les outils
les aliments n’ont pas le même gout s’ils sont mangé avec des outils différents … le saviez-vous ? Vous souvenez-vous : du gout des cueillères en argent ? et pourquoi avez-vous des verres différents selon les boissons ? parce que les professionnels ont « travaillé » la forme du verre, pour que les arômes soient mis en valeur, ou pour optimiser l’aération du vin, la sortie des gaz (champagne) la concentration des effluves (whisky) .
Pour les aliments il en est de même: manger la soupe dans un bol, une assiette creuse ou une vérine ne vous apporte pas les mêmes sensations : n’hésitez pas à changer les formes des récipients, en particuliers les surfaces d’échange qui aideront le nez à reconnaitre les aliments.
10* le manger doigt :
Manger avec les mains facilite votre digestion. Eh oui ! Avec le toucher, votre cerveau perçoit l’information de l’aliment ; chaud, mou, rigide… Lorsqu’on touche la nourriture, le cerveau libère certains enzymes pour adapter le métabolisme. Ainsi, le corps prépare les organes digestifs pour faciliter l’assimilation de chaque bouchée et il profite de ce que nous avalons.
nb: Manger avec les mains, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions. Peu importe la technique utilisée pour mettre la nourriture en bouche, avoir des mains propres est une nécessité!
et pour d’autres idées encore:
En résumé:
manger est un plaisir global qui s’apprend, et parfois cela demande du temps et de la patience… partagez avec les petits les odeurs, les couleurs, les jeux dans la nature pour qu’ils exercent peu à peu tous leurs sens !